Le âreal time biddingâ (en anglais : enchĂšres en temps rĂ©el), appelĂ© aussi RTB, dĂ©signe une nouvelle technique dâachat et de vente des espaces publicitaires Display. Les transactions se rĂ©alisent grĂące Ă un systĂšme dâenchĂšres en temps rĂ©el via des places de marchĂ© aussi nommĂ©es Ad Exchanges. Ces bourses aux Ă©changes mettent ainsi en relation les vendeurs (les Ă©diteurs) qui dĂ©finissent les prix minimum de leurs espaces et les acheteurs (les annonceurs) qui fixent leurs tarifs maximum, le tout en fonction de formats et de critĂšres de ciblage prĂ©cis.
En plus de simplifier et dâautomatiser les Ă©changes de milliards de donnĂ©es, le RTB offre pour lâannonceur une capacitĂ© de ciblage en temps rĂ©el impression par impression. Lâannonceur nâachĂšte plus des espaces mais des profils dâinternaute dĂ©terminĂ©s selon des donnĂ©es de plus en plus prĂ©cises, notamment sociodĂ©mographiques et comportementales. Pour lâĂ©diteur, il reprĂ©sente lâopportunitĂ© de valoriser son offre Display qui tendait Ă se dĂ©grader depuis ces derniĂšres annĂ©es.
Le RTB devient au fil du temps une arme marketing redoutable associĂ©e Ă lâĂ©mergence dâune masse dâinformations comportementales toujours plus qualifiĂ©es. Lâultra-ciblage et la personnalisation des messages sont dĂ©sormais possibles et ce de façon complĂštement automatisĂ©e.
La revanche du display
Les publicitĂ©s Display traditionnelles, nâutilisant pas la technologie RTB, ont bien du mal Ă sĂ©duire les annonceurs, lesquels Ă©voquent la faiblesse de leur taux de clic et de leur taux de conversion. Alors que les investissements en Real Time Bidding reprĂ©sentaient moins de 1% des sommes allouĂ©es pour lâachat en Display en France, ils devraient reprĂ©senter 21% Ă lâhorizon 2015. Le RTB arrive ainsi au secours du Display. Selon un rapport de Rubicon Project (3Ăšme trimestre 2012), les annonceurs français qui y investissent le plus sont Zalando, Price Minister, La Redoute et Gaz de France.

Le fonctionnement du RTB

Les canaux de diffusion du RTB
Le Display
Sous formes de bandeaux, pavĂ©s, skyscrapers (format en colonne figĂ©e ou animĂ©e) et autres formats dits traditionnels, le Display reprĂ©sente encore aujourdâhui le premier support Ă bĂ©nĂ©ficier de la technologie RTB. Les formats les plus populaires affichent les dimensions 300×250 et 728×90 pixels.
La vidéo
La publicité en RTB sur support vidéo rencontre un succÚs grandissant. Les dépenses augmentent au fur et à mesure que la technologie est assimilée par les directions marketing. Une étude SpotXchange/Forrester Research annonce que les dépenses engagées aux USA pour des campagnes publicitaires en RTB ont doublé entre 2011 et 2012 et prévoit une augmentation de 70% en 2013.
En France, Google DoubleClick Ad Exchange est lâun des seuls Ă proposer des annonces vidĂ©o utilisant le RTB grĂące Ă son rĂ©seau Youtube. Le format le plus courant est le prĂ©-roll (publicitĂ© diffusĂ©e avant la lecture de la vidĂ©o).
Le mobile
Le RTB pour les espaces publicitaires sur mobile en est encore Ă ses dĂ©buts mĂȘme si 2012 a dĂ©jĂ Ă©tĂ© une annĂ©e exceptionnelle.
Une Ă©tude dâAdfonic, premiĂšre rĂ©gie publicitaire mobile basĂ©e en Europe, annonce ainsi une envolĂ©e du CPM pour les campagnes via le canal mobile avec une augmentation de 663% sur 2012.
Les médias sociaux
Les mĂ©dias sociaux rentrent Ă©galement dans la course. Facebook a inaugurĂ© sa place de marchĂ© en temps rĂ©el en septembre 2012 : Facebook Exchange. Les premiers avis sur sa performance sont pour le moment mitigĂ©s si lâon en croit les premiers tĂ©moignages du Trading Desk Tradelab et du DSP Sociomantic, parus dans le Journal du Net (interview du 1/03/13). En comparaison avec les offres des autres Ad Exchanges, les CPM proposĂ©s par Facebook sont trĂšs attractifs mais les taux de clics sont en mĂȘme temps bien infĂ©rieurs Ă la moyenne.
Les raisons avancĂ©es pour expliquer ce dernier phĂ©nomĂšne ? Des surfaces publicitaires moins visibles que celles proposĂ©es par les autres Ad Exchanges. En effet, Facebook affiche le plus souvent un texte de 90 caractĂšres associĂ© Ă une vignette de 100×72 pixels, quand ses concurrents utilisent les formats standards du marchĂ© comme la banniĂšre de 300×250 pixels.
Le nouvel écosystÚme de la publicité en ligne
Le RTB rĂ©volutionne lâĂ©cosystĂšme de la publicitĂ© en ligne en intĂ©grant de nouveaux outils et plateformes dâoptimisation de lâachat et de la vente des espaces publicitaires.
Les plateformes Ad Exhanges
Un Ad Exchange est une plateforme automatisĂ©e dâachat et de vente dâespaces publicitaires en temps rĂ©el. Aussi appelĂ© « place de marchĂ© », elle optimise les transactions entre les demandeurs dâespaces (annonceurs et agences) et les offreurs (Ă©diteurs et rĂ©gies).
Quelques noms : DoubleClick Ad Exchange (Google), Hi-Media Ad Exchange, Microsoft Ad Exchange, Orange Ad Market, Right Media (Yahoo!), Weborama
Les Ad Networks
Un Ad Network est un rĂ©seau publicitaire regroupant et proposant Ă la vente lâinventaire publicitaire de plusieurs Ă©diteurs.
Les Demand Side Platforms (DSP)
Le DSP est une plateforme technologique qui permet aux annonceurs de centraliser, via une interface unique, leurs achats en temps rĂ©el dâinventaires Display proposĂ©s par les diffĂ©rents Ad Exchanges et SSP.
Quelques noms : Appnexus, Invite Media (Google), Mediamath, Turn, Zap Trader (Xaxis)
Les Supply Side Platforms (SSP)
Le SSP est une plateforme technologique permettant aux fournisseurs dâespaces publicitaires (Ă©diteurs, rĂ©gies, Ad Networks) dâoptimiser et dâautomatiser la vente de leurs emplacements.
GrĂące au systĂšme dâenchĂšre, le SSP cherche Ă mieux valoriser leur inventaire publicitaire en mettant en concurrence les diffĂ©rents acheteurs mais Ă©galement Ă rĂ©duire le volume des espaces qui nâont pas trouvĂ© preneurs via un mode de commercialisation traditionnelle.
Quelques noms : Improve Digital, the Rubicon Project
Les Trading Desks
Un Trading Desk est une agence chargĂ©e dâacheter de lâaudience pour le compte dâannonceurs directement en temps rĂ©el sur les Ad Exchanges ou via un DSP (Demand Side Platforms).
Quelques noms : Audience On Demand (Vivaki), Affiperf (Havas), Matiro, Pixidis (Netbooster), Gamned, Tradelab
Le nouveau circuit de commercialisation des espaces publicitaires
Le schéma ci-aprÚs présente, de façon simplifiée la nouvelle chaßne de négociation des espaces publicitaires avec en position centrale les Ad Exchanges, véritables places de marché.

BĂ©nĂ©fices et limites pour lâannonceur, lâĂ©diteur et lâinternaute
Pour lâannonceur et les agences (les acheteurs)
Les avantages
- Lâautomatisation quasi-totale des phases dâachat et dâimplĂ©mentation des campagnes permet de rĂ©duire les coĂ»ts de fonctionnement du marchĂ© ayant comme rĂ©percussion des commissions bien infĂ©rieures Ă celles pratiquĂ©s par les rĂ©gies traditionnelles.
- Par rapport aux campagnes classiques banniÚres, le RTB permet de toucher une audience ciblée 100% utile, signifiant aussi un meilleur retour sur investissement.
- Le ciblage ultra personnalisé est désormais possible. Le bon message est transmis à la bonne personne.
- Lâannonceur a la possibilitĂ© de « black lister » les sites Ă©diteurs sur lesquels il ne souhaite pas apparaĂźtre.
- Le RTB offre un gain de temps sur la mise en place des campagnes et lâachat dâespaces.
Les limites
- Il est nĂ©cessaire dâadapter sa crĂ©ation en fonction de la cible pour maximiser les taux de clic et de conversion. Compte tenu de la forte granularitĂ© des critĂšres de ciblage, il est ainsi souvent prĂ©fĂ©rable dâopter pour un outil de crĂ©ation de banniĂšres dynamiques.
- En fonction du choix du prestataire et compte tenu également du caractÚre récent du RTB, il est parfois difficile de bien contrÎler la liste et la qualité des sites sur lesquels les messages publicitaires sont diffusés.
- Lâemplacement de lâimpression sur le site Ă©diteur nâest pas forcĂ©ment maĂźtrisĂ©. Un emplacement « perdu » en tout bas de page nâaura logiquement pas le mĂȘme succĂšs quâun espace « premium ».
- Le principe du RTB ne permet pas dâobtenir lâexclusivitĂ© des emplacements.
- Le passage en direct avec un Ad Exchange ou un DSP nĂ©cessite dâintĂ©grer dans lâentreprise des compĂ©tences techniques spĂ©cifiques.
Pour lâĂ©diteur (le vendeur)
Les avantages
- LâĂ©diteur valorise davantage son inventaire publicitaire et augmentent leur eCPM (appelĂ© aussi le CPM effectif, transformant le coĂ»t dâune campagne Ă la performance en un coĂ»t global pour mille impressions).
- Les petits Ă©diteurs disposant dâinformations trĂšs qualifiĂ©es mais reprĂ©sentant un faible volume peuvent ainsi mieux monĂ©tiser leur audience. Ceux-ci Ă©taient jusquâalors souvent mal considĂ©rĂ©s par les rĂ©gies.
- LâĂ©diteur Ă©tend la vente de ses espaces auprĂšs de nouveaux clients annonceurs.
- Il y a minimisation du risque dâespaces invendus.
- Faire appel Ă un SSP ou mĂȘme un Ad Exchange demande peu de ressources internes.
- Le RTB gĂ©nĂšre pour lâĂ©diteur des gains de productivitĂ© en supprimant les temps passĂ© aux traditionnelles nĂ©gociations avec les annonceurs et les rĂ©gies.
Les limites
- Certains annonceurs voient le RTB comme un moyen permettant dâacheter les espaces Ă faible coĂ»t, ce qui contribue Ă dĂ©valoriser les espaces des Ă©diteurs « premium ».
- Les internautes cherchent davantage à protéger leurs données personnelles et certains navigateurs permettent un mode de navigation anonyme.
Pour lâinternaute
Les avantages
- Le principal avantage est la pertinence du message pour lâinternaute, créé et diffusĂ© en fonction de ses centres dâintĂ©rĂȘt, ses critĂšres sociodĂ©mographiques et son comportement.
Les limites
- Le profil de lâinternaute doit ĂȘtre suffisamment qualifiĂ© et actualisĂ© pour prĂ©tendre Ă des messages publicitaires sur mesure adaptĂ©s Ă ses besoins.
- Lâinternaute peut regretter ou refuser lâusage de ses informations personnelles, le considĂ©rant comme une atteinte Ă la protection de ses donnĂ©es. LâextrĂȘme ciblage peut ainsi revĂȘtir un caractĂšre inquiĂ©tant et trop intrusif dĂ©tournant lâinternaute des annonceurs (et donc des entreprises) utilisant ce type de technique.
Le Big Data : la matiĂšre premiĂšre du RTB
Evidemment, la technologie du RTB aussi performante soit elle ne se suffit pas elle-mĂȘme. Elle nĂ©cessite en amont des mĂ©gabases contenant des profils dâinternautes les plus qualifiĂ©s possibles. Le Big Data a ainsi pour mission de fournir ces Ă©normes volumes de donnĂ©es comportementales. Vous lâaurez compris, si le RTB est lâarme du marketing digital, le Big Data reprĂ©sente les munitions, le tout visant Ă atteindre le cĆur de cible.
La création du message : une composante essentielle
Le caractĂšre automatique ne doit pas faire oublier lâune des composantes les plus importantes, celle de la crĂ©ation publicitaire en tant que telle, que les espaces soient sur support Display, VidĂ©o, Mobile ou affichĂ©e via les mĂ©dias sociaux. LâidĂ©al est dâadapter le message Ă chaque internaute ciblĂ© en tenant compte de la pertinence des donnĂ©es collectĂ©es qualifiant son profil.
Face à cette mission quasi impossible, certains acteurs y ont vu une opportunité de développement et proposent des outils de création de messages dynamiques.
Le principe est de gĂ©nĂ©rer une banniĂšre dynamique en fonction du profil de lâinternaute. Les crĂ©ations ainsi personnalisĂ©es Ă la volĂ©e contribuent fortement au succĂšs de la campagne puisquâil est dĂ©montrĂ© quâelles augmentent considĂ©rablement les taux de clic et de conversion source de meilleur ROI pour lâannonceur. Lâillustration sans doute la plus simple est lâexploitation des donnĂ©es de gĂ©olocalisation afin de faire apparaĂźtre lâadresse du point de vente le plus proche de lâinternaute.
Perspectives
Face au succĂšs rencontrĂ© par le Real Time Bidding dans lâunivers du web, dâautres acteurs plus traditionnels comme la radio ou la TV tentent dĂ©jĂ de sâapproprier ce nouveau mode de commercialisation de leurs espaces publicitaires, afin notamment de rĂ©duire leur volume dâespaces invendus. Les premiers tests sont particuliĂšrement encourageants et prĂ©figurent ainsi une vraie rĂ©volution pour lâensemble de lâoffre medias.
Rappelons que le Real Time Bidding nâen est encore quâĂ ses dĂ©buts !
Bonjour !
Article trĂšs complet, merci ! Comme vous le dites, le RTB a re-dynamiser l’achat d’espace en display, c’est en ce sens que nous avons créé Adintime, la premiĂšre place de marchĂ© en ligne pour l’achat d’espace en presse.
Nous sommes persuadĂ©s que la presse elle aussi a besoin d’un renouveau de ce type, n’hĂ©sitez pas Ă aller y jeter un Ćil : http://www.adintime.com
Merci !
Merci Antoine. A l’occasion nous jetterons un oeil sur votre offre.
N’hĂ©sitez pas Ă nous faire un retour !